Depuis deux ans, des jeunes gens ont eu une idée ingénieuse : créer une école qui s’adapterait parfaitement au rythme de vie des nomades, afin que les enfants puissent recevoir une éducation de qualité sans risquer de compromettre leur culture, leur mode de vie.
N’Djaména, entrée sud, sortie sud, c’est comme vous voulez ! Dans le quartier Ngonba, parmi les arbres neem, des tentes apportent une touche particulière au décor naturel de cet espace qui s’étale sur plusieurs hectares. Ici, pendant chaque saison sèche depuis une trentaine d’années, vivent plusieurs communautés de nomades avec leurs bétails : des dromadaires, des bœufs, des moutons…
Une romance qui dure depuis quelques décennies…
Des familles entières ont pris l’habitude ces dernières décennies de s’installer dans cet espace à la recherche de beaux pâturages pour leurs bétails, jusqu’à ce que la saison des pluies les fasse rebrousser chemin vers un endroit plus chaud, plus adapté pour les dromadaires. Après la période des crues, ils reviendront paitre leurs bétails, vivre dans cet endroit, dans de modestes tentes, au plus près de la nature, en toute liberté…
…Avec des enfants à charge
Ce train de vie peut souvent ressembler à un conte de fée : une famille qui voyage sur plusieurs centaines de kilomètres chaque année, avec une passion débordante pour l’élevage. Ce rythme de vie n’a décidément aucun impact sur la maternité. Des enfants naissent dans ces campements ou sur la route du voyage, ils y grandiront et avec un peu de chance, s’y marieront également. Et le cycle se perpétuera sur fond de culture.
Des enfants élevés dans un contexte complexe
Ils sont plusieurs dizaines dans ces campements, aidant leurs parents à tenir un petit commerce, à paitre le bétail et à s’occuper des plus jeunes. A vue d’œil, tout semble bien aller. Mais la plupart de ces enfants n’ont pas d’acte de naissance, tous autant qu’ils sont ne vont pas à l’école. Ceci touche les droits les plus élémentaires des enfants.
Malgré le contexte sociologique qui ne favorise pas toujours l’éducation des enfants et surtout de la petite fille, des jeunes, dans un élan de sacrifices personnels, donnent de leur temps, de leur énergie et de leur passion pour éduquer, penser un nouvel avenir…
Deux jeunes pour qui l’éducation des enfants nomades est un sacerdoce
Dans ce campement de nomades, depuis deux ans, deux jeunes gens spécialisés dans le domaine de l’éducation se sont assignés la mission pressante d’initier ces enfants pleins de rêves en calcul et en lecture avec les moyens du bord.
Ici, il n’y a pas de places au luxe, ni même à la commodité : deux niveaux d’études, CP1 et CP2. Chaque classe à ciel ouvert s’établie sous l’ombrage d’un arbre à neem.
Ici, des nattes en plastique ont remplacé le confort d’un table-banc face à un tableau noir soutenu par le tronc des arbres.
Ici, les enseignants sont dévoués corps, âmes et passion pour établir une sorte d’équité entre tous les enfants vis-à-vis de l’éducation.
Ici, on estime que chaque enfant doit jouir du droit à l’éducation, enfant de riche ou de pauvre, orphelin ou même enfant de nomades.
L’allure des aventures des nomades semble difficile à tenir par moment, car beaucoup de conditions influencent les transhumances. Ce qui fait que souvent, ils ne quittent ou ne reviennent pas tous au même moment. « Actuellement, certaines familles ne sont pas encore de retour sur le campement, ce qui veut dire que certains élèves n’ont pas encore repris les classes », s’inquiète Léornard Gamaïgué, l’initiateur de ce projet.
Les difficultés rencontrées dans cette initiative sont nombreuses
L’engagement de ces jeunes enseignants est certain. Même si des efforts restent à fournir, en deux ans, ils ont dû convaincre quelques parents de permettre à leurs enfants, filles comme garçons, de profiter de cette école improvisée qui n’est pas reconnue par l’Etat.
Dans le même élan, le bénévolat reste le maître mot de cet engagement. Sans frais d’inscription, avoir des fournitures scolaires est un défi à relever de toute urgence car d’ici à l’année prochaine, cette « école de nomade » pourrait s’agrandir, dans une approche de démocratisation de l’éducation.
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