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Les reines de Gaoui font (ré)apprécier la poterie aux Tchadiens

Au Tchad, l’utilisation des ustensiles de cuisine en argile remonte à très longtemps. Je me rappelle encore avec beaucoup d’émotions de mes rares séjours au village aux côtés de ma grand-mère paternelle. Au-delà de l’attention presque divine qu’elle me consacrait, elle s’occupait de moi tel d’un prince. Mon repas était préparé et servi dans des ustensiles en argiles aux motifs qui rappellent les peintures rupestres de l’Égypte antique. Moi, garçon de la ville qui jusqu’ici ne connaissaient que des jarres d’eau en argile, je m’en donnais à cœur joie de tout gouter dans ces couverts d’un autre genre.

Depuis plus de 20 ans, à part les jarres d’eau et celles pour les boissons, je n’ai plus dégusté un poulet rôti assorti de sa boule rouge dans une tasse en argile ni même manger de la bouillie dans un gobelet fait de la même matière.

J’ai grandi depuis et de ces choses-là je me rappelle avec nostalgie jusqu’à cette exposition…

Expoterie dans les jardins de l’Institut Français du Tchad / Crédit Photo : Say Baa

« Expoterie » honore la capitale du Tchad

Depuis quelques jours, se tient au sein de l’Institut Français du Tchad en pleine ville de N’Djaména une exposition dénommée « expoterie » qui met en valeur la poterie tchadienne célestement portée par les « reines » de Gaoui, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la capitale tchadienne.

Quelques objets en argile à l’exposition / Crédit Photo : Say Baa

A l’origine, un autre artiste qui voulait se frotter à d’autres reines artistes 

L’artiste tchadien Mawndoé Célestin a lancé il y a environ deux ans un projet dénommé « Au nom de l’art ». Selon lui, ce projet est un chemin qu’il a longtemps cherché et sur lequel il s’épanouit beaucoup. De ce projet naîtront successivement « les reines de Gaoui » et « la maison de l’argile », avec l’appui de la représentation diplomatique française au Tchad. Au nom de l’art est une invitation à l’essentiel, au partage de l’art comme passion et surtout comme identité.

Désormais, au sein de l’espace de la tradition du sultanat de Gaoui trône un lieu de valorisation de la poterie tchadienne depuis l’époque des saos.

Une carafe d’eau et des mug en argile / Crédit Photo : Say Baa

De multiples objets exposés

Dans les jardins de l’Institut Français, Expoterie offre une expérience visuelle incroyable ! Des œuvres sont exposées par centaines, allant des jarres traditionnelles aux carafes d’eau, en passant par des assiettes, des mugs, des cendriers, des colliers, des pipes, des cuillères… A travers ces œuvres made in Chad, on espère que les Tchadiens (continueront) consommeront les produits locaux et participeront à sa promotion.

La poterie à Gaoui étant une activité 100 % féminine, Au nom de l’art entend valoriser suffisamment ce secteur, afin de favoriser l’autonomisation des femmes de cette région qui vivent dans une grande précarité. 

Une carafe d’eau en forme téière / Crédit Photo : Say Baa

Expoterie offre également une expérience de dégustation de mets locaux 

Lors de ces expositions, un petit restaurant propose des mets tchadiens disposés dans des ustensiles de cuisines faits à base d’argile. L’expérience de dégustation dans ces couverts est gourmande et poétique, la saveur de la sauce visiblement rehaussée et un service impeccable couronne le tout sous le regard bienveillant des reines de Gaoui !

Un plat de légumes assorti à sa boule de maïs, le tout servi dans des couverts en argile / Crédit Photo : Say Baa
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lafenetreetoilee

Commentaires

Mahamat Saleh Oumar Ahmat
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Impeccable, depuis toujours c’est le local qui l’emporte, si on fait vraiment sa promotion. Courage à ces femmes battantes et au initiateur de cette idée.

lafenetreetoilee
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En effet, nous avons un savoir-faire incroyable à promouvoir !