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Inondations à N’Djaména : entre impassibilité du gouvernement et désarroi de la population

Quand le ciel commence à devenir nuageux et grisâtre sur N’Djaména, la crainte devient en même temps palpable. On arrive à oublier qu’un peu de pluie pourrait rafraichir la température globale souvent très élevée. Cette peur que les N’djaménois de certains quartiers ont développé au fil des ans est devenue légitime. Pour cause, les inondations aux conséquences dévastatrices, des marres d’eau bloquant la circulation, la prolifération des moustiques … Le tout face au silence du gouvernement regardant sa population périr sous son regard incrédule.

Une pluie s’annonçant sur N’Djaména/Crédit Photo : Naïndouba William

Le soleil est autant craint que la pluie

En ce moment, le sol est sec, du fleuve Chari qui traverse la ville, il ne reste plus qu’un petit canal d’eau avec un faible débit se jetant à peine dans le Lac Tchad. La température est à son paroxysme, affichant jusqu’à plus de 45°C, à l’hôpital, beaucoup de personnes souffrant de maladies liées à la déshydratation le tout avec le ramadan qui n’est pas des plus facile à gérer cette année.

Chaque année, plusieurs quartiers de N’Djaména sont inondés, des maisons s’écroulent faisant des familles de sans-abris, des décès se comptabilisent par dizaine, les maladies diarrhéiques se multiplient… Impuissantes, la population n’a d’autre choix que d’attendre que la saison des pluies se termine car ses efforts pour endiguer l’avancer des eaux sont vains.

2020, quartier Amtoukouin à N’Djaména, l’inondation a chassé les gens de leurs maisons. Crédit Photo : Brahim Abakar

Des milliers de mètres cubes d’eau face aux briquaillons, pelles et quelques brouettes de sable…

Chaque année, un décor de désespoir s’établit dans les quartiers de N’Djaména. Des jeunes se mobilisent ci et là pour mettre des briquaillons afin de compacter le sol, des voisins cotisent de l’argent pour acheter quelques Benz d’ordures et de sable pour mettre dans les creux réputés conserver de l’eau pendant un temps plus ou moins long. Dans la même optique, des jeunes curent eux-mêmes les caniveaux de leur quartier sans un équipement adapté face à un niveau de l’eau qui peut dépasser un mètre avec aisance. Tous se précipitent pour l’achat des insecticides pour lutter contre les moustiques et le business des comprimés antipaludéens prolifère…

Le rôle de la mairie face aux inondations à N’Djaména

Pour vous donner une image du travail que fait la mairie pendant ces moments de désolations, elle envoie ses agents harceler les petits boutiquiers des quartiers pour recouvrer son assiette fiscale, eux-mêmes sont obligés de traverser les eaux souillées pour faire leur « boulot », et bien, tous les vendredis et samedis, ils célèbrent les mariages à la mairie nationale. 

Quand un ministre ou un de nos milliers généraux estiment que des petits trous sur la route agressent ses délicates fesses, alors la mairie dépêchera quelques engins pour essayer de pallier au problème.

Des maisons écroulées dans le quartier Atrone I / N’Djaména. Crédit Photo : Brahim Abakar

Les mêmes doléances chaque année

Pendant les inondations, des voix s’élèvent comme un seul homme, avec la plus grande solidarité pour dénoncer le calvaire des populations mais une fois la saison des pluies passée, tout le monde est comme frappé d’une soudaine amnésie. On oublie qu’à la veille, on ne pouvait sortir qu’en marchant dans de l’eau, que la concession de nos voisins s’est écroulée, que le palu a failli faire passer de vie à trépas un membre de notre famille, que nous avons crié notre ras-le-bol sur les réseaux sociaux…

Je vous invite à découvrir la cartographie de quelques zones inondées de N’Djaména pendant la saison des pluies de 2020 via cette carte Umap.

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lafenetreetoilee

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