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Le slameur nigérien Joël Gandi et les passeurs de mots de N’Djaména sur la scène du Festival Koura Gosso

Pour sa 5e édition tenue du 24 au 30 mai 2021, l’équipe organisatrice du festival a vu les choses en grand ! Un festival délocalisé de Moundou, la capitale économique du Tchad (où se tenaient les autres éditions), à N’Djaména. Et avec une équipe de bénévoles et de salariés prêts à tout pour offrir une meilleure expérience de scène aux artistes et un agréable moment au public. 

Une occasion pour Netoua Ernestine, promotrice du Festival Koura Gosso, de marteler l’importance de l’art et des artistes dans le développement d’un pays. Consciente des enjeux liés au manque de cadres pour la professionnalisation du secteur de l’art, l’équipe organisatrice du festival entend créer un climat d’échanges et de collaborations entre professionnels de la musique.

Public du festival dans la grande salle de spectacle de l’institut Français du Tchad/Crédit Photo : Koura Gosso

Au total, 43 artistes se sont produits sur la désormais mythique scène de Koura Gosso. Deux venus du Cameroun et un autre du Niger mobilisant plusieurs milliers de participants. 

L’amour du slam

Une particularité qu’on pourrait reconnaitre au Festival Koura Gosso, c’est son amour pour le slam ! Depuis le début, plusieurs slameurs ont semé des mots ci et là pour sublimer l’ambiance déjà électrique par des mots toujours aussi percutants et évocateurs.

Cette année, il y a eu Dimallah le Révolu Slam qui s’est exprimé avec ses mots de révolutionnaire, Beguy Le Slameur et sa plume suave et subtile, la slameuse Virginie et Trésor qui ont profité d’un Open Mic rappelant l’ambiance des bars de Chicago pour aligner leurs vers comme si on était au tout début de l’histoire avec cet art en 1984.

Ce fut surtout une occasion de rencontrer ici à N’Djaména Joël Gandi encore appelé Senam, ce slameur ‘’trait-d ’union’’ entre les cultures, les langues et les pays : de son Togo natal au Niger adoptif, berçant de chaleur saharienne. J’ai fait la connaissance d’un jeune homme qui était là sur la scène de Koura Gosso et dans les quartiers de N’Djaména où il a pris plaisir à s’y perdre un peu de temps en temps pour mener sa part de bataille, réaliser qu’il était riche de ces sœurs, de ces frères du Tchad, riche de ces rencontres et définitivement, on en apprend plus de cette confession…

Ce que j’ai vécu au Festival Koura Gosso est inédit. Je viens d’un pays sahélien où la culture a très peu de moyens pour s’exprimer. Avec ce festival, je me dis qu’il nous est permis de réaliser nos rêves, de nous battre et de nous tenir débout. J’ai redécouvert un autre monde, de partage, un moment de convivialité et j’ai surtout beaucoup appris.

Joël Gandi Senam
Joël Gandi sur la scène du festival/ Crédit Photo : Koura Gosso

De l’Institut Français du Tchad au Ballet National, Joël aura marqué sa présence par ses vers. Vers de quelqu’un qui n’a pas fini de voyager, de découvrir, de se réinventer au contact de la scène qui souvent nous permet d’écrire l’histoire d’une vie…

Cette 5e édition du festival s’est achevée dans la convivialité. La présidente d’organisation Sikata Ngemta Patricia témoigne :

‘’Le festival pour moi est une réussite car nous avons fait face à de nombreuses difficultés mais nous y sommes arrivés. Avec le choix de notre thème de cette année qui est Carton rouge aux violences faites aux femmes, l’association Femme aussi a voulu se joindre à toutes les organisations féminines ou non dans le monde qui luttent pour les droits des femmes et dire tout simplement non aux violences basées sur le genre.’’

En attendant, nous continuons de lutter contre les inégalités, les bavures les violences basées sur le genre en ayant pour moteur l’art et pour carburant l’humanité qui se dégage de nos cœurs… 

Joël Gandi exécutant un pas de danse traditionnelle tchadienne
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Auteur·e

lafenetreetoilee

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